e génie de Feydeau, c’est l’extraordinaire alliage de la plus rigoureuse logique et de la folie. Mieux qu’alliage de logique et de folie, c’est en fait la folie de la logique qui donne au Théâtre de Feydeau son caractère propre. Pour honorer ce génie, ce sont deux pièces plutôt qu’une qui seront présentées: Feu la mère de madame, ainsi que On purge bébé.
Deux pièces de Feydeau en une soirée, c’est :
Deux fois plus drôle;
Deux fois plus de portes qui claquent;
Deux fois plus de surprises;
Deux fois plus d’entrées subites;
Deux fois plus de soubrettes;
Deux fois plus d’époux trompés;
Deux fois plus étourdissant;
Deux fois plus de quiproquos;
Deux fois plus de méprises;
Deux fois plus de sorties précipitées;
Deux fois plus de bons bourgeois;
Deux fois plus de pot aux roses découverts.
Dans la première pièce, on retrouve, dans leur chambre à coucher, Yvonne et Lucien. Celui-ci rentre du Bal des Quat’Z’arts. Dame, quand on est chef de rayon aux Galeries Lafayette et que l’on a des prétentions du côté de la sculpture, on se doit d’aller au bal des Quat’Z’Arts! Mais pas jusqu’à quatre heures du matin, surtout si c’est pour y observer des poitrines de déesses nues et se permettre ensuite de faire des comparaisons avec les avantages physiques de sa légitime, ça non ! Quand, en plus, le nouveau valet de chambre de votre mère vient vous annoncer que cette chère vieille a rendu le souffle, il ne reste plus qu’une chose à faire: s’évanouir longuement et fréquemment, et que ce Lucien se débrouille, lui qui n’a même pas la décence de paraître attristé. Au contraire, il ne songe qu’à une chose, l’héritage ! Mais, si Joseph s’était trompé ? Alors la mère de Madame serait vivante et on ne peut plus régler les factures en souffrance. Oh la la, quelle nuit ! et ce Joseph qui, sous prétexte de la soutenir, n’en finit plus de tripoter la poitrine de Madame, étendue en chemise de nuit sur le plancher. Il la trouve d’ailleurs très bien, cette poitrine. Et la pauvre Annette qui n’arrive pas à fermer l’œil avec tous ces fous qui ne savent pas ce qu’ils veulent…
C’est comme cette pauvre Rose que l’on trouve dans la deuxième pièce et à qui Monsieur s’en prend, à cause de Madame qui se promène avec son seau d’eaux sales et qui n’a pas encore fait sa toilette alors que, dans quelques minutes, monsieur Chouilloux, dont dépend le gros contrat de fourniture de pots de chambre « incassables » pour l’armée, sera là et qu’il faut absolument lui faire bonne impression. Vous croyez que Madame s’en soucie ? Mais non, elle ne pense qu’à une chose, son petit Toto. Vous comprenez, il faut le purger. Oui mais Toto, lui, ne veut pas être purgé. Évidemment, ce n’est pas un sujet à débattre devant un monsieur important comme monsieur Chouilloux et surtout pas quand on a encore ses bigoudis sur la tête et son peignoir de jour. Vous vous dites qu’il n’y a que les hommes pour faire ainsi passer les affaires avant la santé de leur propre fils mais, ils sont tous pareils ! Heureusement que Toto a une mère qui est prête à tout sacrifier — fierté, convenances, honneur, contrats —, à la santé de cet adorable petit monstre qui ne veut pas prendre son médicament et qui exige — oh, si gentiment — que monsieur Chouilloux en prenne d’abord. Vous pensez bien qu’il n’est pas question que monsieur Chouilloux avale un purgatif rien que pour faire plaisir à Toto. Ah, vous pensez cela. Eh bien, attendez un peu. Vous verrez qui la prendra cette purge…
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Mise en Scène
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C Gaby (Gabriel Desmarais)
Cailloux
Distribution
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C André Le Coz
Duceppe -
C Jean-François Bérubé
Lachapelle -
C André Panneton
Scoffié
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Deux pièces de
Georges Feydeau
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Mise en scène
André Cailloux
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Concepteurs
Décors ROBERT PRÉVOST Costumes FRANÇOIS BARBEAU Trame sonore ADRIEN GODDU, CLAUDE DUFRESNE Accessoires CHANTAL LESCURE Chapeaux JULIENNE ARAS Coiffures JEAN YVES
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Graphisme de l'affiche
© Gérald Zahnd
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Photos de production
© Guy Dubois