La Sagouine II

C’est parce que La Sagouine I n’avait pas épuisé le personnage qu’Antonine Maillet a décidé de La Sagouine II. Toujours la même cependant. C’est qu’elle a beaucoup à dire. Elle a beaucoup réfléchi, la Sagouine. Antonine Maillet aussi.

En a-t-elle autant à raconter que la Sagouine ? Il y a tout ce qu’on sait et il y a tout ce qu’on ne sait pas encore mais qui sommeille bien légèrement au fond de ses tracasseries. Au fond de son ennui, dit plutôt Antonine Maillet. L’ennui ou la nostalgie d’hier, de son enfance, de ses ancêtres, du temps passé.

Lors de sa deuxième visite, elle continue de nous parler d’elle, de Gapi, son homme, de la placoteuse de Sainte, sa voisine, de la mer qui baigne son petit monde. Puis elle lèvera son fanal sur d’autres coins de son univers, éclairant pour nous de nouveaux faits d’histoire, telles la guerre, la crise, la déportation et de nouveaux personnages, comme ce pauvre Frank à Thiophie aux prises avec la fortune.

Elle n’a pas changé d’âme, la Sagouine, ni de cadre, ni de langue. À peine a-t-elle changé son tablier et ses sabots, et peut-être passé sa maison à la chaux, l’un de ces jours de doux temps. Elle ne change pas parce qu’elle n’a pas de vie de rechange, comme elle dit; puis parce que c’est la vie qui la fait et que la vie des humbles n’a guère évolué depuis le début du monde.

Tableaux : La boune ânnée, La loterie, La guerre, Le printemps des pauvres, La déportâtion et La rusurrection.

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