vangéline deusse, parce qu’il y en a eu une première, celle qui fut déportée en Louisiane en 1755. Mais la déportation des Acadiens se continue. Et aujourd’hui, la nouvelle Évangeline revit sa nouvelle déportation à Montréal, entourée de vieux exilés qui, comme elle, tentent de transplanter leur pays en terre étrangère et de ne pas mourir avant leur dernière heure.
Elle a vécu quatre-vingts ans sur sa dune de sable, au Fond de la Baie, Évangeline, puis après, a accepté de partir vers les vieux pays, c’est-à-dire Montréal, vivre la deuxième moitié de sa vie. Parce qu’il ne faut pas aller s’imaginer qu’une Acadienne de la trempe de notre héroïne achève sa vie à quatre-vingts. Allons donc ! À octante ans, elle recommence, comme tant de ses aïeux avant elle, en exil, à manger le pain d’autrui et monter par l’escalier des autres. Mais elle ne slaquera pas, Évangeline, et ne laissera pas les pigeons des villes salir les aigrettes du petit sapin naissant qu’elle a transplanté de son pays à Montréal. Parce qu’on ne sait jamais, un sapin venu du pays des côtes pourrait peut-être un jour attirer les goélands; et avec les goélands, le chant et l’odeur de la mer.
C’est ça qu’elle tente de raconter à ses amis d’exil, trois vieux comme elle venus des quatre coins du monde et qui refusent de laisser pourrir une vieillesse édifiée si péniblement pendant trois-quarts de siècle. Même l’un d’eux, un vieux Breton qui après cinquante ans d’exil n’a pas oublié son pays, ni surtout sa jeunesse aventurière, tente de la récupérer dans les yeux de cette Évangeline infatigable qui sait dire:
Qui c’est qu’est l’enfant de choeur qu’a osé dire qu’une parsoune pouvait point recoumencer sa vie à quatre-vingts!
Et elle recommence, comme les colons de Port-Royal en 1604; comme ses aïeux déportés rentrant à pieds de Louisiane; comme les pêcheurs chassés des côtes par une socio-politico économie qui encore un coup a oublié qu’entre les foins salés et la mer vivait un petit peuple à la nuque raide et aux dents serrées.
Évangeline deusse, comme la première, prend le chemin de l’exil, mais cette fois seule, à ses frais, sans l’auréole du martyre, et sans même s’offrir un pays de rechange.
* L’action se passe de nos jours, dans un petit parc public à Montréal.
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Mise en Scène
Distribution
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C Gaby (Gabriel Desmarais)
Cailloux -
C Dolores Breau
Léger
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Une pièce de
Antonine Maillet
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Mise en scène
Yvette Brind’Amour
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Concepteurs
Décors ROBERT PRÉVOST Costumes FRANÇOIS BARBEAU Éclairages LOUIS SARRAILLON Accessoires SERGE CHAPU, FRANÇOIS SÉGUIN et JEAN-CLAUDE LEBLANC Perruques DENIS GIRARD Maquillages JACQUES LAFLEUR Trame sonore ADRIEN GODDU
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Conception de l'affiche
© Gérald Zahnd
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Photos de production
© André Le Coz, © Guy Dubois
EN SUPPLÉMENTAIRES
du 27 mai au 6 juin 1976 – Théâtre du Rideau Vert
EN TOURNÉE
du 24 avril au 1er mai 1976 – Théâtre français du Centre national des Arts, Ottawa
les 5 et 6 mai 1976 – Québec
le 8 mai 1976 – Sherbrooke
du 13 au 23 mai 1976 – Moncton, Nouveau-Brunswick
du 1er au 31 juillet 1976 – Théâtre du Rideau Vert
(présentation sous l’égide du Programme Arts et culture, Jeux de la XXIe Olympiade, Montréal 1976.)
du 28 juillet au 6 août 1978 – Festival d’Avignon, France
EN REPRISE
du 17 février au 26 mars 1977 – Théâtre du Rideau Vert