Soirée Marcel Dubé
- Textes de
- Mise en scène
ne soirée exclusivement consacrée à Marcel Dubé, durant laquelle deux de ses créations seront proposées : Le coup de l’étrier, ainsi que Avant de t’en aller.
Le coup de l’étrier n’est pas un sombre drame à rebondissements multiples. C’est tout simplement l’histoire d’un homme ordinaire racontée brièvement, par petites touches, avec peut-être un certain humour et les grincements de dents appropriés. Cela ne constitue même pas un fait divers dans la page des chiens écrasés. Les chiens écrasés crèvent pathétiquement sur l’asphalte des rues encombrées tandis qu’Antoine X., le personnage principal de cette pièce, dilue et perd lentement sa vie, au fond d’un bar solitaire, victime de lui-même et d’une société dérisoire.
Sa vision du monde est courte, dira-t-on ! C’est probable. Antoine est un rebelle qui n’a plus de cause à défendre, ni d’illusions à sauver. Et il a quarante ans. Et il abrège son existence goutte à goutte, sans rien brusquer, incapable d’accepter un monde où les hommes sont noyés sous le « haut niveau de vie » de leurs aspirations, incapables d’allumer la mèche qui ferait sauter la marmite. Lui, ne s’est pas rangé. Lui n’a pas accepté. Alors, il conteste et il s’enivre. Il est une sorte de défroqué de la vie conjugale, un homme d’affaires qui aurait préféré la poésie aux calculs, la grande aventure de la liberté aux obligations et responsabilités du sinistre quotidien. Ce n’est pas un « cas », c’est une « erreur de distribution » comme on dit au théâtre.
Avant de t’en aller serait un prolongement du Coup de l’étrier si d’abord on y retrouvait les mêmes personnages. Ce n’est pas tout à fait le cas. Cependant Dubé a voulu que les deux pièces soient quelque peu parentes. Ne trouve-t-on pas dans chacune ce personnage d’homme de quarante ans rongé par une existence désespérée ? N’y trouve-t-on aussi une jeune fille, étudiante dans les deux cas, dans toute la fraîcheur de ses vingt ans ? Et puis les thèmes font bon ménage, ils nous renvoient différents reflets de ce que l’on appelle vulgairement le problème du couple, ou d’une manière plus recherchée, l’incommunicabilité des êtres.
Avant l’ouverture du rideau, c’est à Carla qu’iront nos pensées. Elle est cette jeune fille presque mûre, inquiète et possédée, à qui l’on voudrait apporter des fleurs mais qui les refuserait sans doute par répugnance de les voir se faner dans une prison. Car prison est sa vie sur laquelle Simone et Marco montent la garde. Prison est sa chambre où elle devra se soumettre à la loi d’un amour qui l’attache contre son gré. Prison est ce monde où Tchékhov n’a fait que passer, que sourire un moment… Elle aurait aimé suivre cet homme qui lui aurait enseigné à ne pas avoir peur des choses, et qui, malgré l’ombre qui l’habite, aurait su exorciser le mal et les démons intérieurs.
Carla n’a que vingt ans, combien longtemps encore devra-t-elle souffrir de ne pouvoir être pleinement elle-même ?
* La troupe du Théâtre du Rideau Vert, dans le programme de soirée, souhaite un prompt rétablissement à Georges Groulx, qui est entré subitement à l’hôpital pendant le travail sur cette Soirée Marcel Dubé. Elle regrette profondément qu’il n’ait pu poursuivre son travail auprès d’elle, et cela explique que Le coup de l’étrier soit une co-mise en scène de Groulx et Brind’Amour, tandis que Avant de t’en aller en soit une uniquement de Brind’Amour, qui a repris le travail laissé en plan par Groulx.
CONSULTEZ LE PROGRAMME DE SOIRÉE ICI
Mise en Scène
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C Jac Guy
Groulx
Distribution
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C Guy Dubois
Cartier -
C Monic Richard
Girard -
C François Brunelle
Picard
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Textes de
Marcel Dubé
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Mise en scène
Georges Groulx, Yvette Brind’Amour
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Concepteurs
Décors JEAN-CLAUDE RINFRET Costumes FRANÇOIS BARBEAU Trame musicale CLAUDE SAVARD Accessoires HENRI HUET
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Graphisme de l'affiche
© Gérald Zahnd
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Photos de production
© Guy Dubois